vendredi 18 octobre 2013

Pause de Susan Maushart


4ème de couverture: Une famille, trois ados, zéro média électronique.
Vous avez trois cents amis sur Facebook et quatre cent cinquante followers sur Twitter, mais à quand remonte le dernier dîner en famille où vous avez eu une vraie conversation avec vos enfants? Le monde va-t-il vraiment s'arrêter de tourner si vous éteignez votre smartphone? Voilà le genre de questions que se pose Susan Maushart quand elle embarque ses trois adolescents de quatorze, quinze et dix-huit ans dans une cure de déconnexion de tous les médias électroniques pendant six mois. Peu à peu les enfants, "natifs numériques" qui ne se contentent pas d'utiliser les médias mais vivent dans les médias, sont amenés à réfléchir sur leur comportement. Et Susan ne ressort pas non plus indemne de cette expérience qui l'amènera quelques mois plus tard à bouleverser totalement sa vie.
Edifiant et drôle, son carnet de bord retrace les différentes étapes de cette aventure gratifiante où la famille reconquiert toutes les bonnes choses dont la technologie numérique peut nous priver si nous n'y prenons pas garde.

Ce livre m'a été prêté par Maman Clémentine, une belle manière de prouver que les amitiés virtuelles valent le coup. Pourtant, le sujet même est de se questionner sur ce monde virtuel, sur cet Internet, ou village global comme aime l'appeler Susan Maushart, dans lequel nous sommes complètement immergés.
Le récit est constitué de manière chronologique, de la prise de conscience de l'addiction de ses enfants, mais aussi de la sienne, aux médias électroniques, à une consommation plus modérée en passant par une coupure nette et intransigeante. Chaque chapitre est composé de deux manières: elle explique d'abord comment elle a vécu les événements et pourquoi, avec études et sources à l'appui, puis elle introduit quelques passages du journal qu'elle a tenu à l'époque pour illustrer ses propos. Il s'agit presque d'un travail scientifique avec hypothèses et conséquences. 
On se reconnaît tous dans son récit car nous sommes tous plus ou moins touchés par ce phénomène d'addiction: 
Tony Norman, qui écrit sur les nouveautés technologiques pour le Pittsburgh Post-Gazette, ne prêta pas attention aux avertissements de ses amis qui lui conseillaient de garder ses distances avec l'iPhone. Il oublia de s'attacher au mât (Ndlr: référence précédente à Ulysse et les sirènes) et en paya les conséquences. "Si vous voulez comprendre ce qui se passe dans la tête de Frodon quand il se tient, l'anneau maléfique entre les doigts, au-dessus du puits de lave de la Montagne du Destin à la fin du Seigneur des anneaux, écrivit-il, achetez un iPhone."
J'avoue que je comprends tout à fait! Ce qui m'a particulièrement plu, c'est qu'elle ne nous demande pas de couper totalement avec les médias électroniques, comme peut le faire Michel Desmurget dans TV Lobotomie, mais elle nous donne les clés pour en faire une utilisation modérée, sans tomber dans l'excès et le multi-tâche. Ne vous inquiétez donc pas, je ne vais pas arrêter le blog! Néanmoins, je me suis interrogée sur mes pratiques et j'avoue avoir levé le pied sur les réseaux sociaux qui sont vraiment chronophages. Elle glisse d'ailleurs à la fin de son livre une petite liste de choses à garder en tête, comme des commandements.

Pour terminer, je citerai ce passage, tout à fait d'actualité en France:
Une étude de 2009 portant sur une centaine d'enfants de douze à dix-huit ans de la région de Philadelphie, et publiée dans la revue de l'Académie américaine de pédiatrie - celle-là même qui recommande d'interdire les télévisions dans les chambres - a permis d'observer que les enfants qui passent le plus de temps sur Internet sont aussi ceux qui boivent le plus de boissons caféinées, ce qui anéantit quasiment leurs chances d'avoir une bonne hygiène de sommeil. [...]
Au cours des quarante dernières années, les adolescents américains ont perdu une à deux heures de sommeil quotidien. La proportion d'enfants qui dorment moins de sept heures par nuit a doublé pendant la même période. Pour contrer ce phénomène, de nombreux éducateurs et experts réclament depuis quelques temps des changements des rythmes scolaires, affirmant qu'ils sont mal adaptés aux "rythmes biologiques naturels" des adolescents. C'est peut-être le cas. Mais personne ne semblait remettre les rythmes scolaires en question il y a quarante ans - et les enfants passaient alors autant d'heures sur les bancs de l'école qu'aujourd'hui. Si nos natifs numériques sont en danger, s'ils risquent de devenir une génération de somnambules - et les études montrent qu'ils vont dans cette direction -, peut-être devrions-nous tous nous réveiller pour prendre la mesure du problème.

4 commentaires:

  1. Ah bah j'ai l'impression que contrairement à moi tu as apprécié, je suis bien contente.

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    1. Je viens de relire ton article et finalement, j'ai aimé ce côté qui t'avais déplu! Je te le renvois dès que possible et merci encore. :)

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  2. J'avais vu un reportage à la télé sur son livre et son expérience et j'avais trouvé ça intéressant mais j'avoue que je ne me sens pas concernée. Je n'ai même pas de téléphone portable ;) J'ai fait l'expérience pour voir si je pouvais me déconnecter pendant plusieurs jours sans éprouver de manque et ça a été le cas donc je crois que ça va :)

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    1. Effectivement! Perso, je deviens accro à Instagram mais c'est parce que j'aime déjà beaucoup prendre des photos. Et encore, il y a le quart de ce que je voudrais y mettre parce que je ne choisis que les photos où on ne voit pas nos visages, si tu voyais toutes mes autres photos où mes enfants sont magnifiques!! :D
      Twitter et Facebook, j'arrive à m'en passer, le problème c'est que j'y vais souvent quand je m'ennuie et finalement, je perds mon temps, c'est de ce côté-là qu'il faudrait que je travaille ;) En tant que blogueuse, on a l'impression qu'il FAUT y être alors que pas du tout. Je préfère un blog bien construit et bien fourni et un twitter amorphe que l'inverse.

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