3 févr. 2015

Comment ma femme m'a rendu fou de Dimitri Verhulst

Quatrième de couverture: Par désespoir, pour asticoter son monde et surtout pour se venger de son épouse qu’il déteste, Désiré Cordier, petit bibliothécaire retraité de son état, décide de simuler la maladie d’Alzheimer. Bientôt il se prend au jeu et s’amuse des réactions désemparées de sa famille. Il découvre là une liberté qu’il n’a jamais connue et un moyen sûr de s’éloigner de son entourage, et surtout de sa femme qui l’a toujours régenté. Il décide alors de se plonger dans les joies de la démence, la sénilité et l’incontinence… et finit par être interné dans une institution… La maison de retraite lui réserve quelques surprises, comme les retrouvailles avec son amour de jeunesse et la rencontre avec des pensionnaires aussi déjantés que lui. À travers des portraits féroces et hilarants, Verhulst, qui a un don sans pareil pour rendre le comique tragique, et vice versa, nous livre sa vision douce-amère du mariage.

J'attendais beaucoup de ce petit récit de 150 pages et si j'ai souri au début, j'ai vite ressenti un vrai malaise devant l'histoire de Désiré.

A 74 ans, après avoir vécu sous la coupe d'une femme tyrannique, Désiré a l'idée de jouer la sénilité. Le but? S'amuser à déstabiliser sa famille et finir ses jours en maison de retraite plutôt qu'avec sa femme. Il fait donc semblant d'oublier des choses, puis de tenir des propos incohérents, tout en se délectant des réactions de son entourage et des soignants de l'home où il finira.

J'ai assez vite déchanté pour des raisons personnelles. Mon grand-père a été touché par la maladie d'Alzheimer et j'ai pu assister, impuissante comme tous mes proches, à sa lente descente dans la folie. Du coup, lorsque Désiré fait semblant de sortir sans but et prend plusieurs trains juste pour affoler sa femme, j'ai repensé aux escapades de mon grand-père et à l'angoisse de ma grand-mère qui devait fermer toutes les portes la nuit de peur qu'il ne quitte le domicile pendant son sommeil. Rien de très drôle en somme.

Par ailleurs, le personnage se délecte de la tristesse de sa famille. Sa femme, tout d'abord, qu'il critique du début à la fin, à raison souvent, mais qui sera quand même la seule à venir le voir régulièrement alors que ses enfants et ses amis ne daignent plus mettre un pied dans la maison de retraite. Sa fille, ensuite, qui viendra lui parler longuement et lui avouer quelques uns de ses secrets au milieu des larmes, tandis que lui s'amusera à garder un regard vide et à baver. Dans toutes ces situations, je me suis mise à la place des proches et j'avais mal au coeur. C'est absolument malhonnête de jouer avec les sentiments des gens de cette façon, le personnage principal m'est très vite devenu antipathique.

Enfin, alors qu'on nous promet des portraits "féroces et hilarants" des autres pensionnaires, on n'assiste qu'à une très brève présentation puis à ce que Désiré s'imagine et la place que ceux-ci prennent dans sa vie. Uniquement de l'introspection, on en sait finalement bien peu sur les autres personnages.

Une déception pour moi, surtout à cause de mon histoire personnelle. A voir si vous aimez ce genre d'humour caustique.

Comment ma femme m'a rendu fou de Dimitri Verhulst, traduction de Danielle Losman, édition Denoël, paru le 22 janvier 2015.

Livre offert.

7 commentaires:

Laura Aimerlesdimanches a dit…

Il ne me tente pas plus que cela. De ce que tu en dis, je trouve que c'est un roman très "cruel" dans les relations qu'il dépeint. Et c'est peut-être parce que je suis concernée mais je ne trouverais pas les situations très drôles.

potzina a dit…

Je ne le lierai pas parce que ma grand-mère et mon arrière-grand-mère maternelles ont eu Alzheimer et ma grand-mère paternelle a fait des AVC qui l'ont rendue démente. Donc ce genre de sujet ne m'amuse pas du tout non plus. Comme l'a écrit Laura, ce roman semble vraiment cruel. Quelle drôle d'idée de jouer de la sorte avec les sentiments des gens :(

Cleophis Deeptizz a dit…

C'est très cynique, effectivement.

Cleophis Deeptizz a dit…

La célèbre réplique de Desproges prend ici tout son sens: "On peut rire de tout mais pas avec tout le monde".

mathilde mouric a dit…

j'étais tenté de le lire mais j'avais un doute puisque mes deux grand-pères sont décédés de cette maladie, merci de ton billet

Piplo a dit…

Ah, je suis contente de voir que tu notes sa réaction face à sa fille. Parce que si j'ai accepté sa réaction face à sa femme qu'il déteste et contre qui il réagit enfin après une vie de passivité, j'ai eu beaucoup de mal avec son attitude face à sa fille!!! Une idée originale mais le héros m'a énervé dans son égoïsme!

Cleophis Deeptizz a dit…

Un personnage très égocentrique, en effet.

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