mercredi 19 juin 2013

Les châtiments corporels remis en cause

J'en ai déjà parlé ici, j'ai cherché des solutions, vous connaissez mon point de vue sur la question mais les débats en cours ces derniers jours ont fait remonter en moi des souvenirs et je tenais à en parler.

En effet, une nouvelle campagne de sensibilisation sur les violences faites aux enfants est diffusée sur les écrans et par le biais d'affiches. Celle dont on parle le plus est celle-ci:


Je ne sais pas vous, mais chaque fois que je la regarde, je pleure. Cette claque, je la reçois en pleine figure comme cet enfant. Ce qui me fait le plus mal, c'est sa réaction: alors qu'il jouait tranquillement, sans forcément prendre conscience qu'il gênait sa mère au téléphone, il se retrouve brutalement interrompu, sans savoir pourquoi, ni comment, et se retrouve tétanisé, incapable de continuer à jouer. Je lis très bien ses pensées: "Qu'est-ce que j'ai fait? Pourquoi maman ne m'aime pas? Je suis nul."

Je le sais parce que je l'ai vécu. Je n'ai pas été maltraitée dans mon enfance, au contraire, j'ai eu tout ce que je désirais, mes parents ont toujours été là pour moi et je les aime énormément. Ma mère nous frappait rarement mais elle le faisait quand même, quand ma soeur et moi poussions trop loin ses limites. Mon père entrait régulièrement dans des colères noires et cassait tout ce qui se trouvait à sa portée pour éviter de s'acharner sur nous. Une seule et unique fois, il a craqué alors que j'étais insolente (je n'étais pas une adolescente facile!!) et je me suis retrouvée allongée par terre à encaisser des coups de pied dans le dos. Ca n'est arrivé qu'une fois et pourtant je m'en souviens comme si c'était hier. Ce mélange de honte, de peur, de rage, de tristesse. Un coup n'est jamais anodin.

Si aujourd'hui je ne conçois pas de frapper mes enfants, c'est justement parce que j'ai souffert des claques occasionnelles de mon enfance. Un exemple très récent: Lulu ne voulait pas dormir et se levait pour la 28ème fois de la soirée. Piwix s'est levé du canapé, est arrivé en trombe dans le couloir et Lulu s'est mise à hurler de détresse: "Maman!! Maman!!" J'ai failli y aller. Failli partir protéger mon petit bout. Mon coeur s'est serré, les larmes sont montées, j'ai eu peur. Oui, j'ai eu peur que Piwix lui fasse du mal. Et je me suis souvenue qu'il partageait les mêmes convictions que moi et que je n'avais pas à craindre pour ma fille. Ce sentiment si profond, s'il ne vient pas des quelques claques que j'ai reçues de mon enfance, je veux bien savoir d'où il vient!

Je ne sais pas comment j'aurais réagi si j'avais épousé un homme qui ne pense pas comme moi. Je crois que j'aurais été le genre de mère à courir dans la chambre le plus vite possible et expliquer à ma fille qu'il ne faut pas qu'elle énerve son père. En faire un tyran, en somme. Comme mon oncle. J'ai fait plusieurs séjours chez mon oncle et ma tante en Angleterre et je n'ai jamais vu mon oncle lever la main sur ses enfants. Mais nous savions tous qu'il était très dur avec ses fils. Une des filles au pair qui travaillait chez eux a dit une fois, lors d'une discussion intime: "La maison est toujours très gaie à la sortie de l'école, les enfants jouent et s'amusent. Dès que le père rentre, l'ambiance change complètement et on sent une présence lourde et tendue. Je sais, rien qu'à voir l'attitude des enfants, si le père est à la maison ou non." Et à part ça, une claque, ça ne traumatise personne...

Le plus étrange, c'est de voir les positions complètement divergentes des parents. Lorsque Working Mama en parle sur son blog, on voit une multitude de commentaires qui disent qu'elle a raison, que les violences faites aux enfants doivent être punies et que l'éducation "à la française" a besoin d'être revue. Lorsque le débat est lancé sur hubWin mamans, c'est l'inverse que l'on constate: une petite fessée de temps en temps, ça n'a jamais fait de mal, ce n'est pas de la maltraitance. Je me doute bien qu'hubWin mamans n'est pas un repère de parents bourreaux et que les lecteurs de Working Mama ne sont pas tous des saints, je me dis que finalement, sur Internet, les gens aiment être d'accord avec l'auteur. N'ont-ils pas d'opinion ou préfèrent-ils parler à des gens qui partagent leur point de vue et évitent sciemment ceux qui pensent l'inverse? Je ne cherche pas vraiment une réponse, je constate, c'est tout.

Lorsque je lis sur Le Parisien-Aujourd'hui en France que 77,3% des parents ne veulent pas proscrire les claques, j'ai peur.

Avertissement: Cet article n'est pas un débat, je vous livre mon point de vue et mon expérience personnelle. Je suis contre les châtiments corporels et rien de ce que vous pourrez me dire ne me fera changer d'avis. Vous êtes libres de penser ce que vous voulez mais les commentaires agressifs seront supprimés.


25 commentaires:

  1. Tout comme toi, je n'ai pas été une enfant battue mais je reçue pas mal de claques et je me souviens de chacune d'elles. Je ne crois pas que ça soit la solution même si je comprends qu'on puisse être à bout de nerfs face à un diablotin. Mais le problème est là : si c'est un adulte qui nous pousse à bout, on ne lui en colle pas une pour autant parce qu'on sait qu'on prend le risque d'en recevoir une en retour. Avec un enfant, c'est facile : il ne va pas répondre ni verbalement ni physiquement. Quand on y pense, frapper un gosse est un acte d'une grande lâcheté.
    On se bat contre les violences faites aux femmes, on doit se battre aussi contre les violences faites envers les enfants.
    Bravo pour ton article et ta prise de position !

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    1. Merci :) Effectivement, l'enfant est le seul sur qui on a "le droit" d'exercer sa violence.

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  2. J'en ai tellement reçues que je ne me souviens que d'une seule : la dernière. J'avais 19 ans. Aujourd'hui, je serai près à tout pour éviter qu'un enfant soit frappé.

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    1. J'avoue à mon grand regret que j'ai encore du mal à intervenir. C'est arrivé pas plus tard que samedi, dans mon salon, alors que nous fêtions l'anniversaire de Piwix: ma belle-soeur a mis une fessée à sa fille. Mon coeur s'est serré et je n'ai rien dit, comme tous les autres, j'ai regardé mon bout de gâteau. Ce n'est pas facile et chaque fois je me dis qu'il faudrait que j'aborde le sujet un jour.

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  3. En fait je trouve ce film hyper extrême. Jamais de la vie je pourrais
    1) frapper mon enfant juste parce que je trouve qu'il fait trop de bruit
    2) le frapper au visage.
    Et franchement au risque de me faire des ennemies, je trouve qu'il y a tout un monde entre une gifle de cette violence (qui outre la douleur peut être dangeureuse sur le plan physique) et une fessée par dessus la couche ou les épaisseurs de vêtements...
    J'ai déjà mis la fessée à Grégory, j'en suis pas fière et évidemment que ça ne me plait pas et que ça va à l'encontre de mes idéaux éducationnels mais je ne me reconnais en aucun cas dans cette video. Ni moi ni mon fils que mes rares fessées n'ont pas impressionné un seul instant d'ailleurs :p

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    1. C'est toujours un peu le problème des vidéos chocs comme celles-ci, on se dit toujours que ça ne concerne que les autres. Comme les spots pour la prévention routière: "Oui mais moi je fais attention quand je conduis" L'intérêt est surtout de faire passer un message et de faire en sorte que les parents réfléchissent à leur manière de faire.
      Personne n'est parfait et il peut arriver de déraper. L'important est de comprendre qu'on a dérapé et de chercher à savoir pourquoi et comment éviter de le reproduire. Cette situation ne me choque pas car j'ai vu beaucoup d'enfants de mon entourage, ou même au parc, qui se prenaient une baffe juste parce qu'ils parlaient trop fort (et même pour moins que ça).
      Ta dernière phrase est pleine de sens et c'est celle que je retiens de tout cela: mettre des fessées ne sert à rien. Alors cherchons d'autres solutions. :)

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  4. Le débat est intéressant je trouve. Je me suis pris pas mal de fessées. Certaines justifiées, d'autres pas franchement. Ma position là dessus est simple : je ne veux pas frapper (y compris la fessée sur la couche) ma fille. C'est mon principe.
    Cependant, quand elle sera plus grande, en âge de me tenir tête, de me faire tourner en bourrique de manière consciente, arriverai-je à me contenir ? Je me le demande, car parfois après un mercredi particulièrement difficile où elle a ronchonné toute la journée (par exemple...), je crie plus fort qu'elle en la grondant. Non, c'est pas malin. Mais la migraine causée par les hurlements ne rend pas malin non plus.

    Tout ça pour dire que je suis parfaitement contre les coups. Pour autant je ne peux pas dire "je ne mettrai jamais la fessée à ma fille". Pour autant je ne blâme pas les parents qui d'épuisement nerveux en viennent à mettre une tape sur les fesses. Par contre, un coup au visage, et/ou un acharnement de plusieurs coups ça non, je ne tolère pas.

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    1. Je me souviens qu'une psychologue disait: "Les parents qui ont frappé ou qui frappent leur enfant dans l'énervement ne doivent pas se sentir coupables des pires atrocités et s'imaginer qu'ils ont ruiné la vie de leur enfant. Il est toujours possible de modifier son comportement et de renouer le contact." Il n'est jamais trop tard pour bien faire. :)

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  5. C'est très vrai que dans les commentaires les gens plussoient l'auteur mais n'osent pas trop dire quand c'est l'inverse.
    Je suis pas maman, donc je sais pas trop comment ça se passera si je le deviens mais par contre je fais partie de celles que les claques et fessées n'ont pas traumatisés réellement. Je suis plus beaucoup plus sensible aux agressions verbales comme les cris.
    Une chose importante c'est que le lien ne casse pas entre des parents à bout et un enfant perdu.

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    1. Tu vois, justement on crie pas mal à la maison pour pallier aux fessées. J'essaye de corriger ça aussi parce que je finis par avoir mal à la gorge et ce n'est agréable pour personne (et puis j'entends ma voisine gueuler régulièrement sur ses enfants, j'ai pas envie de finir pareil!), mais il faut tout de même savoir faire les gros yeux et la grosse voix. Sinon, c'est l'anarchie!

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  6. Les claques, ça me fait bien plus peur que les fessées...
    S'attaquer au visage, c'est flippant !

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    1. Peut-être. Je me souviens qu'à une époque, c'était quand même des fessées déculottées alors question douleur et humiliation... Il m'est arrivé de frapper Lulu dans un moment de colère, parce que je ne savais plus quoi faire et que j'étais à bout. Ca se compte sur les doigts d'une main et je me souviens de chaque fessée, je visais la cuisse. Et bien, le fait de voir ma fille s'arrêter brusquement, hurler et pleurer en se tenant la jambe, ça m'a complètement détruite et j'en ai pleuré. Je ne pourrais pas me blinder suffisamment pour me dire que la fessée est "bonne" pour son éducation, et je ne le veux pas.

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  7. Je n'avais pas vu ton billet! J'ai suivi le lien de ton commentaire sur mon blog. Et je comprends ton commentaire. Je partage tellement ton avis!
    Je me permets d'ajouter ton billet au bas du mien : j'ai décidé de relayer les articles qui partagent notre point de vue.

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  8. Personnellement je n'ai pas vraiment d'opinion sur le sujet (vu que je n'ai pas d'enfants ^^). J'ai été élevée avec des "petits" châtiments corporels (fessées, uniquement pour les grosses bêtises, donc j'ai dû en recevoir peut-être une vingtaine dans toute mon enfance) : des fessées qui ne faisaient pas mal, mais dont je me souviens quand même, car c'était assez humiliant! (Mais du coup, je n'ai jamais refait deux fois les mêmes bêtises, la leçon était retenue!)

    J'ai reçu deux claques dans ma vie (des gifles même), des fois où mon père s'était mis dans une énorme colère (pour des grosses bêtises), et je me souviens avoir été terrifiée et morte de honte et d'angoisse... donc je suis d'accord avec ce que tu dis sur le fait qu'une claque, ce n'est pas anodin, parce que, même si j'étais en tort, j'en ai voulu à mon père pour ces claques (mais probablement pas autant qu'il s'en est voulu lui-même).

    Je pense que le gros problème, c'est ça : que même si on décide de bannir les châtiments corporels, quelquefois on s'oublie (les parents, c'est des humains, après tout!)Personnellement, j'ai pas été traumatisée à vie par ces deux claques, et ça n'a pas du tout nui à ma relation avec mon père. Mais peut-être justement parce que je sais qu'elles ont été distribuées sous le coup de la colère, et pas intentionnellement...

    Quoi qu'il en soit, un article très intéressant!

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  9. Je suis de celles qui pensent que taper ses enfants quand ils sont petits ne sert à rien, au contraire, ça les endurcit. Je n'ai pas d'enfants mais je vois très bien comment ça se passe dans mon entourage.
    Par contre, je pense que quand ils sont ados et qu'ils se permettent tout et n'importe quoi ou qu'ils se plaignent que la vie est trop injuste parce-qu'ils doivent débarrasser la table, et bien une claque derrière la tête, ça remet en place. J'en ai eu quelques une quand j'étais ado et je n'en suis pas pour autant traumatisé maintenant.
    Le fait est, que si les parents sauraient se montrer ferme, autoritaire et ne céderaient pas au moindre caprice dès la naissance, on n'en serait pas à se demander s'il faut ou non donner la fessée.

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    1. Ce n'est malheureusement pas si simple. Les enfants traversent une période qui s'appelle la phase d'opposition et qui est constructive pour eux: ils apprennent qu'ils sont une personne à part entière, avec des désirs propres et différents de ceux de leurs parents. Dans tous les articles et livres que j'ai lu sur l'éducation non-violente, il est dit que c'est le passage le plus difficile et qu'il faut vraiment s'accrocher à ses principes. Beaucoup de parents craquent à ce moment-là.
      Et ce sont des phases qui reviennnent: 2-3 ans, 7-8 ans, puis l'adolescence. Cela n'a rien à voir avec l'éducation des parents. D'ailleurs, on avait autant de têtes brulées à l'époque des martinets qu'aujourd'hui.
      Depuis que j'ai des enfants, je ne regarde plus de travers les parents d'enfants qui font des caprices dans les magasins. Car si ma fille est d'un naturel calme et m'obéit plutôt bien, il lui est déjà arrivé de râler et de taper du pied dans un magasin parce que c'était l'heure de partir. Et je n'ai jamais cédé en lui achetant quelque chose, elle se calme assez vite. Mais tous les enfants le font ;)

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  10. J'ai été élevée dans un foyer où la scène de la vidéo était courante. Dès que mon père entrait, on devait monter dans nos chambres et ne pas faire de bruit, sous peine de le voir débarquer et nous en coller une bien cuisante en plein visage.
    Parfois un soupir suffisait à s'en prendre une.

    Finalement, aujourd'hui, je n'ai pas d'enfants, mais j'ai déjà mis une fessée à mes chats après une grosse bêtise... Et je réalise que déjà, c'est totalement idiot de faire ça, mais en plus, si je le fais, c'est par colère et parce que je veux leur faire mal pour les punir de quelque chose dont, au final, ils n'ont pas conscience.

    Comme quoi, une claque n'est pas anodine. Celles que j'ai reçues m'ont éduquée, en mal.

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    1. C'est ce qu'on essaye de faire comprendre. Merci pour ton témoignage. :)

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  11. Bonjours Cleophis, pour ma part, j'ai reçu une éducation non violente et je m'en porte très bien, cela n'a pas fait de moi une délinquante ou quoi ce soit du genre. Mes parents mon toujours punis en me mettant dans un coin et en me disant "tant que tu ne sauras pas calmée, tu ne sortiras pas du coin", étant une enfant qui bougeait beaucoup je me rend compte aujourd'hui à quel point ils ont été courageux avec moi et que au final même sans violence un enfant peut être bien éduqué.

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  12. Evidemment vu sous cette angle je comprend que tu sois contre la fessée.

    Je vais te donner mon avis. Personnellement petite j'ai eu le droit au fessée quand je faisais des bêtises. Mais juste une fessée jamais de gifle ou de coups a proprement dit. Non la fessée classique si je puis dire. (C'était comme ça avant on éduqué par la fessée.)

    Du coups avant d'avoir ma fille je me disais comme pas mal de monde. Une bonne fessée ça ne fais pas de mal.....etc etc (et autre connerie du genre que tu ne dis que quand t'a pas d'enfant hihi).

    Aujourd'hui que ma puce est là je ne m'imagine pas lui mettre une fessée plus tard. Je ne me vois pas la réprimander de cette façon. Ni même crier sur elle.
    Aujourd'hui je pense qu'on peut éduquer autrement qu'en frappant.

    Mais ce qu'il y a de pire que la fessée comme tu la dis aussi c'est surtout le fait de ne pas expliquer à l'enfant le pourquoi. Le laissé dans l’ignorance et la crainte.

    Punir oui mais toujours expliquer voilà l'éducation comme je la vois.
    Edenlly

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    1. C'est à tout à fait ça. Je ne dis pas que les parents qui donnent des fessées n'aiment pas leurs enfants mais quand j'ai vu ces pleurs les seules fois où j'ai craqué, j'ai su que ça ne serait pas possible pour moi.

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