mardi 6 novembre 2012

Et toi, t'en veux combien ?

C'est la question qu'on pose à une femme régulièrement, depuis la plus tendre enfance: "Et toi, tu veux combien d'enfants ?" Comme si on devait tout planifier à l'avance, comme si c'était le but ultime d'une vie de femme.

Quand j'étais petite, je voulais plein d'enfants, une cinquantaine !! Quand j'ai vu ma mère enceinte et que j'ai compris comment ça fonctionnait, j'ai vite revu mes pronostics à la baisse... sans vraiment me fixer sur un chiffre précis.

Adolescente, je m'imaginais avoir un bébé en 2000. Je trouvais que c'était super sympa comme date de naissance, facile à calculer. Moi-même, je suis née en 1980 et pour connaître mon âge selon l'année, il suffit d'additionner les deux premiers chiffres au deux derniers: 20+12 = 32; 20+47 = 67; etc... Or en 2000, j'avais 20 ans et mon futur mari 17, c'était un peu tôt pour mettre en route un bébé...

Lorsque nous avons fini nos études et que nous nous sommes installés ensemble, le sujet enfant est devenu le cadet de nos soucis. C'était si bon d'être tous les deux, de pouvoir passer des nuits et des week-ends à faire les geeks sur nos pc, de manger n'importe quoi à n'importe quelle heure (ma balance ne me remercie pas), de vivre (presque) d'amour et d'eau fraîche. Surtout, nous avions des arguments contre. Pour ma part, j'avais trop peur que mon enfant me fasse des reproches plus tard: tous les psys le disent, si on se sent mal dans sa peau, c'est la faute de la mère. Trop possessive, pas assez aimante, trop autoritaire, trop coulante, merci Freud et toutes ses théories fumantes. Mon homme, lui, ne se sentait pas de faire naître un enfant dans le monde moderne, un monde sans travail, sans perspective d'avenir, en train de mourir à petit feu de la main de l'homme.

Nous nous sommes mariés en 2009 et ça a été comme un déclic. Je me souviens que le prêtre n'était pas content de ma lettre d'intention car elle ne mentionnait pas les enfants, dans le monde catholique, si on se marie, c'est pour faire des enfants ! J'ai tenu bon, ce n'était pas ma conception. Mon mari commençait à en ressentir le désir, il était si content d'être avec moi et de s'unir à moi pour la vie qu'il considérait que les enfants seraient un prolongement de notre amour. C'est pratiquement au lendemain de notre mariage que j'ai ressenti le même désir. Comme si le fait de s'être passé la bague au doigt m'autorisait à concevoir la vie. J'avais toujours peur d'être une mauvaise mère (encore aujourd'hui d'ailleurs) mais je suis dit que ça valait le coup d'essayer !

Notre fille est née en août 2010 et j'ai tout de suite su que j'avais fait le bon choix. C'est extraordinaire de se sentir lié à ce point à un petit être, de se rendre compte qu'on sacrifierait tout pour lui, qu'on serait amputé à vie s'il disparaissait. Après tout, c'est un morceau de soi-même. J'ai su aussi rapidement qu'elle ne serait pas enfant unique et qu'on ne tarderait pas pour faire le second.

Notre fils est né en octobre 2012 et je réalise tout juste que je suis maman de deux enfants. Moi qui n'en voulait pas il y a à peine 3 ans !! Ils sont comme une évidence pour moi aujourd'hui, je me sens comblée. D'autant plus que mon mari et moi sommes toujours aussi unis, je n'ai pas honte de dire que je suis heureuse.

La question d'un troisième s'est bien sûr imposée à nous. Dans la théorie, je ne suis pas contre, en sachant que ce serait le dernier, quatre enfants me paraît demander un investissement trop important. Néanmoins, dans ce cas de figure, l'envie ne peut être seule prise en compte. En effet, il y a quelques semaines, nous nous promenions dans les magasins et j'ai repéré une jolie turbulette qui me tendait les bras. Mon mari m'a arrêté en me rappelant que nous étions déjà juste au niveau financier et que nous avions tout ce qu'il faut à la maison. Cela m'a énormément frustrée et m'a fait réfléchir. Je suis du genre à acheter par impulsion: je vois, j'aime, je prends, que ce soit en soldes ou non. Pour les vêtements mais aussi les jeux vidéos, les sorties, les cadeaux à la famille... J'ai horreur de calculer, je jette les promotions que je reçois dans ma boîte aux lettres sans jamais les lire (c'est sûrement un tort mais je n'ai pas envie de perdre mon temps à lire des catalogues). Il s'est donc vite imposé à nous qu'avoir un troisième enfant demanderait des sacrifices financiers que nous ne sommes pas prêts à faire. C'est très pragmatique mais c'est notre conception de la vie. Et si un jour notre situation financière venait à s'améliorer, ce serait du bonus pour nos deux enfants !

4 commentaires:

  1. Je suis comme toi. En même temps, on n'a qu'un an d'écart, ceci explique peut être cela. Je ne voulais pas d'enfant "tout de suite", mais "plus tard". A tel point que nous nous sommes mariés en 2005, et rien. Pas envie. Envie de privilégier ma carrière, les voyages en sac à dos, notre vie de manière égoïste et assumée. Puis, TOUTES mes copines sont tombées enceintes ensemble en 2007. On s'est dit qu'on devrait peut être s'y mettre aussi. Et je m'attendais à avoir au moins 6 mois de répit. Même pas. Un coup un mioche. Il m'en a fallu du temps, pour l'accepter, et m'accepter... D'autant que j'ai la grossesse... Grosse. Et on a remis le couvert cette année. Comme toi, je sais que je vais m'arrêter à deux. On pourrait assumer financièrement un troisième, mais Père Parfait a accepté de privilégier MA carrière maintenant. Alors j'y vais à fond. Et deux, c'est déjà pas mal, nan?

    ps: pour l'histoire du traumatisme induit par la relation mère fille, c'est exactement pour ça que je n'ai jamais voulu savoir le sexe de la chose, enceinte. Je ne voulais pas de fille. Résultat: 2. Espérons que nous soyons moins pires que nos propres mères?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Avec le temps, j'ai appris à vivre avec l'idée qu'ils auront forcément quelque chose à nous reprocher une fois adultes. C'est aussi comme ça qu'un enfant se construit. Mais jamais ils ne douteront de l'amour que je leur porte, s'ils ne peuvent retenir qu'une seule chose de moi, ce sera bien celle-là...

      Supprimer
  2. Le papa en moi vibre à l'écoute de ce joli post et t'appuie dans ta "démarche" : s'est vrai qu'enfanter est affaire de bien être et d'Amour, la question financière ne peut manquer de pointer le nez et de devenir déterminante. Néanmoins, par mon expérience, j'ai remarqué que le "bon temps" pour avoir le prochain enfant ne se présente jamais... bien obligé de se lancer, la peur au ventre et l'excitation du futur bonheur.

    Avoir un enfant ? Il n'y a rien de plus beau au monde. Aimer un enfant ? Il n'y a aucun amour plus profond que celui-là. Guider un enfant dans la vie ? Il n'y a rien de plus gratifiant.

    -Cc

    RépondreSupprimer
  3. Je rejoins un peu Ccelyo : ce n'est jamais le bon moment pour tomber enceinte et avoir un enfant, il y a toujours un empêchement. Peut être pour ça que mon fils s'est pointé par accident.

    Après, c'est clair qu'il faut savoir s'arrêter un jour, rien qu'à cause du côté financier (pragmatique mais tellement réel) ou de la place à la maison.

    RépondreSupprimer